L’œil du patron
En ces temps d’industrialisation le patron se devait d’habiter à
proximité de son industrie pour en contrôler le fonctionnement et
les ouvriers en permanence. En même temps qu’il fait bâtir le
« château blanc », Joseph de Cartier fait construire une vaste
brasserie industrielle à l’emplacement de l’ancienne ferme du château historique contigu à sa nouvelle demeure. L’usine fonctionne
grâce à un moulin à vapeur que Cartier considérait comme l’une
des innovations majeures de la révolution industrielle. Le moulin
était alimenté en céréales grâce à un ascenseur à grain construit
en bord de Sambre. La brasserie ne survivra pas au bombardement de 1944, seuls ses anciens bureaux sont encore visibles rue
de Beaumont.
Un château de prestige protégé par une oasis
de verdure
Au 19e siècle, habiter dans un château vétuste
imbriqué dans le Vieux Marchienne ne répond
plus aux aspirations des nouveaux patrons d’industrie qui sont en train d’amonceler des fortunes considérables. En 1836, les de Cartier de
Marchienne qui ont hérité du « vieux château »
au début du 18e siècle se font ériger une nouvelle demeure de prestige, le château blanc. Le
nouveau château est établi à l’écart du bourg au
milieu d’un vaste parc aménagé trois ans plus tôt.
Ce parc à l’anglaise, de plusieurs hectares, érige
une ceinture verte entre la résidence patronale et
les nuissances d’une industrie en plein essort.
Comme l’écrivait Marguerite Yourcenar (descendante des de Cartier par sa mère), à l’issue d’une
de ses visites à Marchienne dans l’entre-deuxguerres : « … de l'air sali, de l'eau souillée et de
la terre corrodée par ce que nos ancêtres crurent
honnêtement être le progrès… ».
Dès le fin du 19e siècle la ville de Marchienne entame des négociations avec les de Cartier (dont
plusieurs membres furent bourgmestres) pour le
rachat du château blanc. Il devient hôtel de ville
en 1901 et le restera jusqu’en 1973 après une
restauration suite aux bombardements de 1944.