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Le château Cartier

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chateau Cartier 9min


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cour d'honneur 1914 Carte Jaillot 1747-50 © BNF

12. De la défense à la plaisance

Des trois châteaux qu’a connu Marchienne seul subsiste une partie du château « Cartier » construit à la fin du 17e siècle. Mais bien avant l’arrivée du maître de forge Bilquin, ancêtre des Cartier, qui rachète et fait moderniser le château que nous connaissons, les archives évoquent une demeure seigneuriale occupant le même emplacement et défendant l’accès au pont. Au 19e siècle les Cartier estimant leur château vetuste et inconfortable se font construire une demeure prestigieuse, le « château blanc ». Etabli au milieu d’un vaste parc qui le protège des pollutions industrielles, le « château blanc » deviendra le nouvel hôtel de ville en 1901

Contrôler le passage sur la Sambre

Cour d’honneur ouverte, jardin en surplomb de la rivière tout ce que nous connaissons du château Cartier évoque la plaisance. La bâtisse elle-même avec ses grandes baies et ses murs mariant la brique et la pierre rompt avec la tradition des maisons fortes médiévales. Quand les Bilquin rachètent, en 1695, la demeure construite quelques décennies plus tôt, ils ont soin d’en faire une résidence confortable témoignant du statut de nouvel aristocrate que leur enrichissement dans les forges et les fourneaux vient de leur conférer. Les trois clous forgés qui ornent leur blason sont là pour nous le rappeler. Mais leur château comporte dans ses fondations des vestiges d’éléments défensifs sans doute hérités de la demeure seigneuriale qui l’a précédé. C’est que le pont de Marchienne et avant lui son gué ont exercé bien des convoitises. Bien qu’on ait très peu d’informations sur l’histoire médiévale de Marchienne — déjà citée comme propriété de l’abbaye de Lobbes au 9e siècle — on a tout lieu de penser que dès le Moyen Âge ce point de passage stratégique fût soumis au contrôle d’un seigneur établi dans sa maison forte. En contre-partie, le paiement d’un droit de passage, venait alimenter les coffres du châtelain. Certaines sources parlent d’une fortification au 11e siècle. Sous l’Ancien Régime, seul un seigneur avait la capacité de mobiliser les hommes et es capitaux indispensables pour faire construire un pont

Extrait de la carte de la carte topographique de 1904 © IGN et KBR 1904

L’œil du patron

En ces temps d’industrialisation le patron se devait d’habiter à proximité de son industrie pour en contrôler le fonctionnement et les ouvriers en permanence. En même temps qu’il fait bâtir le « château blanc », Joseph de Cartier fait construire une vaste brasserie industrielle à l’emplacement de l’ancienne ferme du château historique contigu à sa nouvelle demeure. L’usine fonctionne grâce à un moulin à vapeur que Cartier considérait comme l’une des innovations majeures de la révolution industrielle. Le moulin était alimenté en céréales grâce à un ascenseur à grain construit en bord de Sambre. La brasserie ne survivra pas au bombardement de 1944, seuls ses anciens bureaux sont encore visibles rue de Beaumont.

Un château de prestige protégé par une oasis de verdure

Au 19e siècle, habiter dans un château vétuste imbriqué dans le Vieux Marchienne ne répond plus aux aspirations des nouveaux patrons d’industrie qui sont en train d’amonceler des fortunes considérables. En 1836, les de Cartier de Marchienne qui ont hérité du « vieux château » au début du 18e siècle se font ériger une nouvelle demeure de prestige, le château blanc. Le nouveau château est établi à l’écart du bourg au milieu d’un vaste parc aménagé trois ans plus tôt. Ce parc à l’anglaise, de plusieurs hectares, érige une ceinture verte entre la résidence patronale et les nuissances d’une industrie en plein essort.
Comme l’écrivait Marguerite Yourcenar (descendante des de Cartier par sa mère), à l’issue d’une de ses visites à Marchienne dans l’entre-deuxguerres : « … de l'air sali, de l'eau souillée et de la terre corrodée par ce que nos ancêtres crurent honnêtement être le progrès… ».
Dès le fin du 19e siècle la ville de Marchienne entame des négociations avec les de Cartier (dont plusieurs membres furent bourgmestres) pour le rachat du château blanc. Il devient hôtel de ville en 1901 et le restera jusqu’en 1973 après une restauration suite aux bombardements de 1944.

Marchienne-au-Pont. Le Parc et l’Hôtel de Ville . 
 Carte postale. Delcampe.be parc communal parc communal
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